Lucien Durosoir et l’ermitage des Landes par Georgie et Luc Durosoir
- Lucien Durosoir n’est pas né Landais
: il l’est devenu
Rien ne prédestinait Lucien Durosoir , violoniste, à passer dans
un petit village de la province française (Bélus, Landes), les
trente dernières années de sa vie et à figurer ainsi parmi
les artistes attachés à cette région. Commencée
à Paris, sa vie le mena, dès l’âge de vingt ans, dans
les passionnantes itinérances d’une carrière de soliste
international. La mobilisation d’août 1914 le trouva en Bretagne
où il préparait ses tournées de concert de la saison suivante.
Les quatre années de guerre mirent un terme à tous ses espoirs
de reprendre une carrière (il avait 41 ans lors de sa démobilisation,
en février 1919). C’est alors qu’il partit à la recherche
d’un ermitage, un endroit où il pourrait, dans le calme de la nature,
se recréer après la débâcle morale causée
par la guerre. Il s’installa dans sa demeure des Landes en 1926 et c’est
là qu’il mourut, le 5 décembre 1955, jour anniversaire de
ses 77 ans.
Les belles années, en effet, avaient brutalement pris fin, le 1er août
1914. Comme tant d’autres, Lucien Durosoir, qui approchait les trente
six ans, fut mobilisé et, comme presque tous, il répondit avec
enthousiasme à sa convocation : les Français étaient certains
de leur bon droit face à la barbarie allemande et assurés d’une
victoire rapide. L’artiste ne pense pas une seconde à son violon
abandonné, à sa tournée ajournée (ses pas devaient,
une fois de plus, le porter vers l’Allemagne et l’Autriche où
il avait encore joué l’hiver précédent). Il part.
Il part pour revenir bientôt, victorieux, prêt à reprendre
son violon et ses voyages, les artistes n’ayant cure des frontières
et des langues, des chauvinismes et des nationalismes. Dès le premier
jour il écrit à sa mère, simplement pour poursuivre la
conversation ininterrompue avec elle depuis qu’il sait parler.
C’est justement parce que ces lettres sont des confidences sans fard,
des narrations quotidiennes sans artifices, des impressions, commentaires et
opinions totalement sincères que leur lecture est passionnante. La pensée
erre librement, s’arrêtant où bon lui semble : le chant d’un
oiseau au lever du soleil y côtoie le grondement toujours plus proche
du canon : au second, on s’est très tôt habitué ;
c’est la douceur insolite du premier qui surprend. Le champ de ruines
dans lequel il faut aller relever les blessés et les morts abrite une
délicate fleur épanouie dans ce désastre. Le récit
des épisodes héroïques succède aux protestations furieuses
contre l’incurie de la hiérarchie, au décompte brutal et
désespéré des morts inutiles. La description des repas
succulents pris, avec quelques camarades de combat, grâce aux provisions
envoyées par Louise (et par d’autres mères, sœurs ou
fiancées) rend plus ironique encore la présentation de l’ordinaire
du soldat, plus dramatiques la pénurie et la privation. Pendant quatorze
mois environ, Lucien Durosoir est un fantassin parmi d’autres, combattant
des tranchées. Ses lettres révèlent des épisodes
terrifiants, traversés dans l’imminence de la mort et dans le spectacle
de camarades moins chanceux que lui, fauchés sauvagement dans la tranchée
ou dans l’espace qui la sépare de l’ennemi. Puis il trouve
« le filon » : tous les poilus ont recherché un filon ; nul
doute que ceux qui sont revenus l’avaient trouvé, plus ou moins
bon, salvateur malgré tout. Pour Lucien, devenu brancardier puis colombophile,
l’ange gardien c’est la musique : remarqué par la hiérarchie
dans les services funèbres où il joue sur un violon de fortune,
il est bientôt prié par le général Charles Mangin
de fonder un groupe de musique de chambre ; le quatuor espéré
finira par se former (avec André Caplet à l’alto et Maurice
Maréchal au violoncelle), mais ce furent surtout des regroupements variables
et même occasionnels dont la musique enchanta les soirées de l’état
major durant les périodes de repos. C’est ainsi que ces artistes
survécurent à la guerre, sans avoir jamais quitté le front
: Lucien fut démobilisé en février 1919, il avait quarante
et un ans.
- La terre d’adoption : un pays pour le retrait, la solitude,
l’isolement, éventuellement le bonheur
Revenir de la guerre n’est pas, pour Lucien Durosoir, un simple retour
au pays. Dans le délabrement économique, mental et physique de
nations dont presque toute la jeunesse a été fauchée, quelle
place un violoniste, auparavant de renommée internationale, peut-il retrouver
? Faut-il totalement renoncer à la carrière de virtuose ? Faut-il
consacrer à la « remise à niveau » du concertiste
les deux années de travail indispensables ? Quel public retrouver, pour
celui qui se faisait acclamer dans l’Europe germanique et centrale, qui
avait perfectionné, à vingt ans, son art de l’interprétation
auprès des deux plus grands maîtres allemands du violon : Josef
Joachim et Hugo Heermann ? Lorsque lui parvient une offre du Boston Symphony
Orchestra, en 1921, il entrevoit une nouvelle vie, une renaissance de violoniste
(le poste offert est celui de premier violon solo de l’orchestre). L’accident
qui rend sa mère impotente en décide autrement : cette fois-ci,
il ne partira pas. Il n’a jamais dit à personne quelles furent
son amertume, sa colère peut-être contre ce nouveau coup du destin.
Il est resté, simplement car il ne pouvait pas abandonner sa mère.
Commence alors la recherche de l’endroit où il pourra vivre, panser
ses plaies morales et soigner Louise ; ils quittent leur maison de Vincennes
pour explorer différentes régions où ils élisent
domicile, en location (en Provence, dans la Drôme, les Pyrénées
atlantiques, les Landes…). Ils aiment le Sud-ouest dès qu’ils
le connaissent et, bientôt, c’est le village de Bélus, dans
les Landes, qui propose à la vente une belle maison de maître.
Lucien l’acquiert et s’y installe en 1926. Il a, alors, déjà
composé une quinzaine d’œuvres.
La vie qui commence – tout est à reconstruire - n’a rien
à voir avec le passé récent ou plus ancien : la paix descend
sur le pays et dans les cœurs, règne dans la nature hospitalière
; la maison est en bordure du village, cachée dans les chênes,
les pins et les acacias. C’est des premiers qu’elle adoptera le
nom. Un bonheur s’esquisse : l’acharnement au travail musical en
fait partie, dans le silence de cette belle nature que Lucien a choisie ; il
cultive ses arbres fruitiers, lit beaucoup, discute avec le curé et l’instituteur
du village, seuls interlocuteurs possibles parmi une population un peu fruste.
Il a trouvé pour sa mère une employée qui s’occupe
de ses soins et lui fait la lecture ; Louise meurt en 1934. C’est alors
que Lucien rencontre une jeune femme de la région, qu’il épousera
l’année suivante, confirmant la possible pérennité
de cette sérénité retrouvée. Son fils naît
en 1936, puis sa fille en 1937 : il était temps, Lucien n’est plus
tout jeune…
Le bonheur ? La sérénité ? C’était compter
sans la seconde guerre mondiale. Certes, Lucien est trop âgé pour
y participer mais le choc est rude, la pénurie s’installe rapidement,
tout manque (et, bien entendu, le papier à musique, jusqu’en 1945
!) ; les enfants sont petits, le village est occupé et, pendant quelques
mois, les Allemands installent leur infirmerie à l’étage
de la maison. À quoi servira cette guerre ? À quoi a servi l’autre,
la « Der des der » ? Il n’empêche : d’autres ont
besoin de lui, comme André et Mauricette, ces deux enfants juifs confiés
par le Secours national. Lucien resta toujours secret sur les choses essentielles
: ses sentiments, ses engagements, ses passions et ses révoltes. Il reste
son œuvre qui dit ce que l’on peut en comprendre. Interrompue par
la maladie en 1950, elle totalise quarante et une compositions.
- Quelles traces les Landes ont-elles laissées dans l’œuvre
?
L’œuvre de Lucien Durosoir n’autoriserait en rien le qualificatif
de musicien des Landes s’il n’avait composé, en 1935, une
pièce pour flûte et piano intitulée Au vent des Landes.
À elle seule, cependant, cette composition dit l’attachement du
musicien à sa région d’adoption. Pour qui connaît
la côte sauvage du sud-ouest, cette pièce sera une peinture. Le
corps à corps de la flûte et du piano évoquera sans nul
doute les stridences du vent, l’inlassable redressement des chardons courbés
sous la tempête, l’acharnement des éléments contre
eux-mêmes, dans l’indicible poésie d’une nature libre
où le regard n’a d’autre limite que l’horizon. L’intention
picturale du compositeur n’est pourtant pas une certitude ; on pensera
plutôt à la volonté de restituer une atmosphère sonore,
un vécu de tous les sens, de tout l’être enveloppé
dans la violence de vents libres et désordonnés.
Loin de toute préoccupation régionaliste, le séjour à
Bélus est le temps des souvenirs, parmi lesquels la guerre occupe une
place obsédante. Il semble que l’immersion dans la composition
ait été nécessaire à l’artiste pour faire
ses deuils ; presque jamais, au dire de ceux qui l’ont connu, il n’a
parlé de la guerre : tout était déjà dans les lettres
du front et la catharsis de ce sinistre passé se fait dans l’acte
d’écriture. Funérailles, suite pour grand orchestre composée
durant l’année 1930 n’a pas d’autre origine que la
hantise de cette immense tuerie que le soldat ne peut oublier. À Maurice
Maréchal, le brillant violoncelliste de quatorze ans son cadet avec lequel
il a passé presque toute la guerre, Lucien dédie ses trois pièces
pour violoncelle et piano : Divertissement, Maïade, Improvisation, terminées
en 1931. Une grande partie de son œuvre est portée par le souffle
poétique de ses contemporains qui sert d’hypotexte à la
composition. Ce qu’il recherche, chez les poètes, ce sont l’inspiration
tragique, le ton épique ou l’interrogation existentielle (Sonnet
à un enfant, de Raymond de la Tailhède, Le Centaure de Maurice
de Guérin, Les Trakhiniennes de Sophocle).
- Lucien Durosoir compositeur (1920-1950) : genèse, mise en
œuvre et bilan de la création
Libéré en février 1919 , Lucien Durosoir achève
en 1920 trois œuvres dont deux sont d’importantes dimensions : les
Cinq Aquarelles pour violon et piano, le Poème pour violon et alto avec
accompagnement d’orchestre et le 1er Quatuor à cordes en Fa mineur.
L’année suivante vois naître trois autres compositions :
Caprice , pour violoncelle et harpe, Jouvence, fantaisie pour violon principal
et octuor et Le Lys, sonate pour violon et piano. Une telle productivité,
chez un homme qui n’a jamais composé auparavant, est tout à
fait surprenante. D’où viennent ces œuvres ? Etaient-elles
en germe dans son imagination pendant les derniers mois de la guerre ? C’est
fort probable, puisqu’il prédisait à sa mère «
des fruits mûrs » dès qu’il se mettrait à écrire
.
La guerre avait permis à Lucien de vivre dans la proximité d’André
Caplet, compositeur et prix de Rome, avec lequel il partageait la responsabilité
d’un pigeonnier . Les deux artistes avaient mis à profit leurs
moments d’attente et d’inaction pour travailler ensemble, Caplet
corrigeant les exercices d’écriture de Durosoir, tous deux analysant
et commentant les partitions les plus contemporaines qui leur parvenaient de
l’arrière. Après l’abandon du projet de Boston, il
était donc logique que Lucien se tournât vers la création
musicale. Chacune des résidences provisoires qu’il connut avant
de s’installer définitivement a vu naître une ou plusieurs
œuvres (Le Balcon, poème symphonique pour cordes vocales et instrumentales,
à Bormes-les-Mimosas en 1924, Idylle pour quatuor d’instruments
à vent, à Nyons en 1925, Déjanira étude symphonique,
à Vieux-Boucau en 1923, Aube, sonate d’été pour piano
à Hendaye en 1926). Ces « fruits mûrs » sont donc,
en soi, parfaitement dans la logique de projets anciens : leur abondance surprend
cependant, comme la qualité de leur achèvement.
Oisillon bleu, pour violon et piano, sera sa première œuvre entièrement
réalisée à Bélus, dans sa maison, en prélude
à une longue période de stabilité. Suivront alors quelque
vingt trois œuvres, musique de chambre et musique d’orchestre. Les
textes qui sont souvent à l’origine des œuvres jouent des
rôles variés : du texte de la mélodie (Sonnet à un
enfant de Raymond de la Tailhède, A ma mère de Théodore
de Banville) au support des évocations musicales (Jean Moréas
fournit le délicat programme de Oisillon bleu, José Maria de Hérédia
donne à Jouvence la trame héroïque que le musicien tournera
en dérision, Arthur Rimbaud lance pour Aube, sonate d’été,
les visions extravagantes qui fonderont les idées musicales. Le visage
des disparus s’exprime dans le registre le plus expressif des instruments.
(Rêve, pour violon et piano, composé en 1925 à la mémoire
d’André Caplet qui vient de mourir ; Prélude pour orgue,
en souvenir de son ami Georges Rolland, 1945, Chant élégiaque
en hommage à la grande violoniste Ginette Neveu disparue dans un accident
d’avion, l’une de ses dernières œuvres, 1950).
De l’analyse des œuvres actuellement publiées on peut déduire
quelques caractéristiques du style de Lucien Durosoir. Celui-ci repose
sur des bases totalement personnelles : on y chercherait en vain des références
contemporaines ou passées. Pas de forme « académique »
malgré les annonces d’un grand classicisme (trio, quatuor à
cordes, quintette, sonate…) ; mais plutôt un retour vers la liberté
formelle des pré-classiques (Caprice, Fantaisie, Prélude) des
titres suggérant un projet esthétique (Rêve, Vitrail, Berceuse,
Ronde, Jouvence, Poème, Idylle, Funérailles, Incantation bouddhique,
Aube, Nocturne…). Une recherche du son rare : dans le choix de certaines
formations (cor, harpe et piano ; violoncelle et harpe ; quatuor pour flûte,
clarinette, cor et basson), dans des métriques peu usitées (5/4,
7/4), dans des tonalités chargées d’altérations qui
dépaysent les oreilles les plus averties. Un univers sonore dense, basé
sur la forte individualisation du discours de chaque instrument dans les formations
moyennes, l’abondance des mentions de caractère agogique, celles-ci
parfois très impératives (le « Rapide et fiévreux.
Halluciné » qui revient plusieurs fois dans le premier mouvement
du Quatuor à cordes en Si mineur, 1933-1934). Un vertige de la difficulté,
dans la technique instrumentale (aspect très personnel de l’écriture
pianistique dont l’émiettement procure des effets encore inouïs
; extrême virtuosité demandée au violoncelle contre laquelle
protestait Maréchal) ; dans la complexité de l’écriture
: harmonie tourmentée, superposition de rythmes contraires, atonalisme
raisonné, écriture polymélodique. La personnalité
complexe de l’homme apparaît dans ces thèmes inquiets voire
angoissés débouchant sur une séquence d’une allégresse
irrépressible, dans cette constante remise en question de ce qui vient
d’être écrit par une autre manière de le dire, dans
ce recours amoureux à certains artifices du contrepoint, nullement dépaysés
dans ce langage si peu conventionnel. La Prière à Marie (1949)
l’une de ses dernières œuvres, est pourvue d’une dédicace
à ses enfants qui livre en quelques mots ce qui fut le sens de la vie
du maître : « Puisse les biens spirituels descendre en eux, que
leur vie entière ils en conservent l’amour ». Un vrai message
de spiritualité de celui qui a connu le pire à ceux qui sont encore
innocents.
Société Borda, Dax (40): 17 janvier 2004 conférence de Georgie et Luc Durosoir: Lucien DUROSOIR « Un destin banal, une vie singulière ».
Lucien Durosoir
(1878-1955)
Un destin banal, une vie singulière
Pourquoi ce titre ?
Un destin banal parce que tous les hommes en âge d'aller à la guerre
furent mobilisés en août 1914 : Lucien Durosoir est sur le point d'avoir 36 ans.
Banale dans son extrême horreur, telle est la guerre décrite, dans
une lettre à sa mère, le 7 juin 1915 : c'est la deuxième
grande offensive française dans l'Artois. Lucien est à Neuville
Saint Vaast qui n'est déjà plus qu'un champ de ruines
" Enfin je puis t'écrire Voici 12 jours que nous étions à Neuville-Saint-Vaast ; quand nous sommes arrivés, la moitié du village seulement était occupée, à l'heure actuelle tout est enlevé et, de plus, nous occupons la première ligne des tranchée boches en dehors du pays. C'a été là de notre part un effort dont on ne peut donner idée Il faut reformer le régiment car nos pertes sont lourdes. Notre colonel est tué, beaucoup de compagnies n'ont plus d'officiers, notre capitaine est tué, notre lieutenant et un adjudant blessés Le régiment a perdu 1000 hommes tués, blessés, disparus Ce pays de Neuville est d'une horreur qui dépasse tout ce que l'imagination peut enfanter : il n'est pas détruit, il est écrasé, rentré sous terre Plus de 300000 mille obus ont éclaté sur nous et le pays Tu ne peux te faire une idée de cette guerre, je n'en perdrai jamais le souvenir. Il fallait arracher chaque ruine ; derrière chaque moellon un boche, des barricades partout avec des mitrailleuses et sur tout cela une pluie de bombes et de grenades lancées à la main, explosives et asphyxiantes J'ai beaucoup tiré au fusil protégeant les lanceurs de grenades J'ai eu mon fusil brisé dans mes mains par une bombe et tout cela avec les obus sifflant et éclatant sans arrêt jour et nuit, car nous sommes restés 7 jours sans dormir, des torpilles aériennes éclataient de temps à autre faisant des trous de dix mètres de diamètre et de 4 mètres de profondeur La nuit était éclairée par l'incendie, car tout ce qui pouvait brûler, brûlait On se battait au milieu d'une infection générale, car il y avait des centaines de morts gisant depuis plus de trois semaines et les blessés râlant et gémissant Rien ne peut raconter ces scènes d'horreur Je ne sais comment je suis encore vivant, car je croyais bien ne jamais sortir d'un pareil enfer "
Si aller à la guerre est banal, en 1914,
En revenir, en 1919, est déjà plus exceptionnel
Après cela il faut réapprendre à vivre, du mieux que l'on peut
Une vie singulière : si chaque vie est un cas unique, certaines vies
sont plus uniques que d'autres, plus singulières :
celles qui sont marquées par un talent particulier, notamment le talent
artistique :
? Lucien Durosoir fut violoniste et compositeur.
celles qui sont marquées par une volonté particulière : celle de construire son destin,
contre les événements les plus contraires, contre le destin lui-même.
A ces deux titres, la vie de Lucien Durosoir est singulière.
La vie de LD est marquée par l'axe de la Grande Guerre ; il y a un avant et un après.
Avant la guerre, Lucien Durosoir accomplissait une très brillante carrière internationale de violoniste, commencée à Paris à 20 ans, alors qu'il est premier violon aux Concerts Colonne ; ensuite, ce seront les voyages à travers l'Europe : on a des affiches de concerts et des critiques élogieuses à Berlin, Vienne, Moscou, presque toutes les grandes capitales de l'Europe du centre, où il a fait connaître de grandes oeuvres de la musique française, comme la première sonate pour violon et piano de Gabriel Fauré qu'il créa à Vienne. Lors de ses tournées en France, il jouait, bien entendu des maîtres allemands ; c'est lui qui créa en France, en 1902, le Concerto pour violon de Brahms. On ne s'en étonnera pas quand on saura que, se perfectionnant avec le grand soliste allemand Hugo Hermann, il prit des cours d'interprétation auprès de Josef Joachim lui-même, dédicataire de ce concerto. La tradition brahmsienne était donc directement transmise jusqu'à lui.
Le Figaro, 19 mai 1904 :
" Il a montré, dans le Concerto de Max Bruch, les plus rares qualités
de sonorité et de musicalité, et dans le Concerto de Dvorak un
style et une virtuosité étonnants. Monsieur Lucien Durosoir, à
cette belle séance, s'est classé parmi les meilleurs virtuoses
de son époque ".
Neue Freie Presse, 11 janvier 1910 :
[Lucien Durosoir] " fascine le public par l'élévation et
l'élan de son jeu "
Wiener Mittags-Zeitung, 28 janvier
1910 :
" Tous ces morceaux furent exécutés avec la même noblesse
et la même beauté de jeu "
C'est donc un familier des villes allemandes, autrichiennes et russes, un
amoureux de la culture germanique, que la déclaration de guerre embarque, le 2 août 1914, vers le front.
L'expérience de la guerre ne fut pas cependant que souffrance et
cruauté partagée.
Beaucoup d'artistes et d'intellectuels ont été mobilisés
et ils furent nombreux dans les fantassins, partageant la vie des tranchées.
Comme il lui arrivait souvent de jouer lors de services funèbres, sur
un mauvais violon d'emprunt, plus tard Lucien avait été remarqué
par son colonel. Il lui demanda de former un quatuor à cordes qui jouerait
pendant les périodes de repos. Il y avait là André Caplet,
chef d'orchestre et compositeur, prix de Rome en 1901 et Maurice Maréchal
qui venait d'obtenir son prix de violoncelle au Conservatoire de Paris. D'autres
musiciens, plus ou moins virtuoses, se joignirent au groupe et la hiérarchie
favorisa leurs séances de travail ; ils jouèrent ainsi quantité
d'uvres de musique de chambre : sonates, quatuors, quintettes
Leur
renommée s'étendit dans la Ve division et le général
Mangin, le vainqueur de Douaumont, redoutable guerrier et grand amateur de musique,
les convoqua si souvent pour les entendre et les faire entendre qu'on les désigna
bientôt sous le nom de " quintette du Général ".
Lucien Durosoir fut démobilisé en février 1919, à
41 ans : il n'avait quitté le front que pour quelques permissions.
Mais cinq années d'interruption représentent une perte irréparable
pour un violoniste et ce ne sont pas les séances du " quintette
du Général " qui constituaient un entraînement suffisant.
L'entraînement d'un virtuose a quelque analogie avec celui du sportif
: il doit rester intensif et ininterrompu ; de retour à la vie civile,
Lucien pèse ses chances et se demande s'il pourra jamais redevenir un
grand soliste. En effet, le fossé est profond entre lui et ces musiciens
qui, ayant su se faire réformer dès le début du conflit,
ont mis à profit ces mêmes années pour préparer leur
superbe carrière de l'entre-deux guerres. Le terrain, alors, était peu encombré.
Si Lucien ne croit plus à son destin de soliste, d'autres n'ont pas oublié le grand violoniste d'avant 14. C'est ainsi qu'une remarquable proposition lui est faite en 1921 : cette dernière chance, c'est l'offre de devenir violon solo au Boston Symphony Orchestra. Il accepte avec enthousiasme et s'apprête à accepter ce contrat. Quelques jours avant la signature, sa mère est victime d'un très grave accident qui la laissera impotente. Le contrat ne sera jamais signé.
Cet événement constitue une nouvelle grande rupture et l'abandon
définitif de toute ambition de soliste.
La décision de se remettre à la composition est prise alors. LD
avait étudié le contrepoint et l'harmonie avec Charles Tournemire.
Durant la guerre, il avait lu de nombreuses partitions, observé l'écriture
des grands maîtres et longuement discuté de composition musicale
avec André Caplet. C'est ensemble qu'ils avaient découvert la
sonate pour violon et piano de Claude Debussy, tout nouvellement composée.
Désormais, Lucien souhaite vivre dans un lieu au climat favorable à
la santé de sa mère et il commence ses voyages à travers
la France. Ils reviennent à Port-Lazo, ce petit port de Bretagne que
Lucien avait quitté en août 14 pour rejoindre le front. Il compose
là ses premières uvres. Après un séjour à
Bourbonne-les-Bains, ils découvrent le sud-ouest et Vieux-Boucau où
Lucien écrit une uvre très importante : son étude
symphonique Dejanira, inspirée de Sophocle et terminée en mai
1923. Ce seront ensuite des séjours à Bormes les Mimosas, belle
localité du Var, puis à Nyons, dans la Drôme : partout, il compose.
En 1926, il séjourne à Hendaye, puis de nouveau à Vieux-Boucau
et s'éprend définitivement des Landes. Dès lors, il y acquiert
une maison dans laquelle il s'installe en 1927. Il lui reste une trentaine d'années
à vivre durant lesquelles il composera encore une vingtaine d'uvres,
musique de chambre et musique symphonique. L'ensemble de son catalogue totalise
quarante et une uvres.
Pourquoi Lucien Durosoir n'est-il pas un compositeur connu malgré une uvre importante ?
Les historiens de l'art et de la musique connaissent bien ce phénomène
: l'injustice de la célébrité. La célébrité,
en effet, n'est pas toujours le fait du talent, encore moins du génie.
On connaît l'exemple d'un des plus grands musiciens du règne de
Louis XIV, Marc-Antoine Charpentier, qui dut attendre les années 70 du
XXe siècle pour que la valeur de son uvre, restée inédite,
soit reconnue. Deux choses sont indispensables à la reconnaissance, sinon
à la célébrité immédiate :
fréquenter les cercles à la mode, en l'occurrence parisiens
publier sa musique
Lucien Durosoir s'est " enterré " dans les Landes
Il a perdu son statut social d'artiste international
Berceaux de ses succès, l'Allemagne est notre ennemie et l'Empire austro-hongrois est démantelé.
Il a perdu son aisance matérielle et ses revenus très réduits ne lui permettent pas de faire publier ses compositions
Voici ce que lui écrit son ami Pierre Mayer, ancien " poilu " et violoniste comme lui, en poste à Boston :
1er octobre 1937
Vos commentaires sur la santé de la musique en France soulèvent
un problème que peu de gens connaissent. Il ne suffit pas de savoir écrire
la musique, d'avoir des sensations ou des idées à exprimer, de
travailler de toutes ses forces, il faut des combinaisons financières,
des requêtes aux puissants et des ruses d'Indiens pour entendre ce que
vous avez écrit sur le papier- c'est fantastique.
Ne pensez-vous pas que votre séjour dans les Pyrénées aussi
sain, aussi tranquille aussi merveilleux qu'il puisse être n'est pas un
handicap terrible pour l'exécution de vos uvres ? J'imagine que
si vous étiez, non pas à Paris, mais à une distance réduite
de la capitale, quelque chose comme Meaux ou Pontoise, vous auriez des facilités
qui vous échappent. Toute votre énergie se dépense en lettres,
en télégrammes et pour les relations avec les chefs d'orchestres,
rien ne vaut la présence réelle. Pour Boston par exemple, il ne
vous serait d'aucune aide d'écrire et de travailler de toutes ses forces,
Koussevitzky, cela ne servirait à rien, mais si vous pouviez le voir
à Paris, lui parler, alors vous avez votre chance. Même un Ravel,
un Roussel, un Florent Schmitt ont besoin d'être sur place ou alors vous
me l'écrivez mélancoliquement votre uvre s'échafaude
se construit et
.reste enfouie à Peyrehorade par Bélus Landes
! Il y a quelques années vous avez fait jouer par Krettly un quatuor.
Je suis arrivé à Paris quelques semaines plus tard, à la
terrasse de chez Graf, avec Straram au théâtre des Champs Elysées,
avec Faure le pianiste., nous en avons parlé. Si vous aviez été
à Paris l'hiver suivant, vous auriez pu enfoncer le clou plus avant,
mais quand nous parlions de Durosoir
ah oui il est dans les Pyrénées,
pour l'été ? non pour toute l'année
AH ! et votre
éloignement, votre incognito, rendait votre musique, je veux dire l'exécution
de votre musique, aussi lointaine, aussi intangible que vous même.
Le dégoût de la guerre elle-même, l'amertume certaine devant les carrières faciles, construites sur le sacrifice de ses semblables et de lui-même, l'absence de ces " relations " qui font - et défont - toutes les gloires, sont sans doute des causes suffisantes pour expliquer le retrait monacal de Lucien. Selon ses proches, il manifestait un fatalisme résigné et disait souvent qu'un jour viendrait où sa musique serait jouée, reconnue.
Aspects de l'oeuvre
On constate souvent que l'uvre d'art révèle des aspects
intimes de la personnalité du créateur. Le caractère de
LD nous est bien connu par ses lettres de guerre (quelque mille cinq cents,
pieusement conservées par sa mère à qui elles étaient
quotidiennement adressées). Sa musique le reflète, semble-t-il, avec fidélité :
sa grande culture littéraire se reflète dans les choix poétiques
ou philosophiques qui se donnent en exergue à la plupart des oeuvres.
sa générosité, souvent attestée par ses compagnons
d'armes, est lisible dans les amples mouvements mélodiques des cordes,
des flûtes, des hautbois, de tout ce qui chante dans l'orchestre ; ses
mélodies sont généreuses, abondantes et lyriques.
Vessot à Lucien
9 juillet 1917 129 RI 1er bataillon
..Rassure toi mon bon Lucien sur notre
compte. Jusqu'à présent il n'y a rien de changé pour nous
à la Croix rouge. Mais cela ne va pas durer bien malheureusement, nous
nous attendons à être disloqués d'un moment à l'autre
comme tout le reste de notre bataillon. Tu dois sans doute être au courant
des sanctions terribles prises sur notre pauvre régiment. En résumé
voici : pour le 129ème bien entendu, 4 hommes à la peine de mort
(exécutés par le 1er bataillon), 4 aux travaux forcés,
14 aux travaux publics, 41 avec des punitions disciplinaires et un certain nombre
désignés pour partir dans une colonie lointaine. De plus un grand
nombre sont partis volontairement pour Salonique. Crois tu que c'est une punition
pour un régiment si brave et plein d'entrain, qui a fait si souvent ses
preuves ?
Inutile de te dire mon cher ami que tes lettres sont toujours
les bienvenues pour nous tous. Nous les lisons " en famille ", tu
me comprends n'est ce pas ? Tu restes pour nous le brave ami obligeant et dévoué.
Chose rare pour un absent
on ne dit que du bien de toi, c'est un phénomène
! On ne veut pas se rappeler, sans doute avec intention, tout ce que le 129ème
a fait de beau depuis le début de la guerre. Tu en sais quelque chose
toi mon cher ami, puisque tu as été pendant de long mois le modèle
du soldat brave, secourable et dévoué, sachant encourager les
pauvres camarades et rendre service à tous. Tu n'es pas oublié
tu sais, nous parlons souvent de toi, des durs moments de Neuville, Souchez,
etc
l'autorité morale - qui le faisait appeler " Le Grand Chef " par ses compagnons - et une incontestable élévation de pensée reconnue par ses supérieurs s'affirment dans les vastes unissons d'orchestre dont la grandeur saisissante semble vouloir évoquer, dans une seule voix, des mouvements d'élan collectif et de solidarité et, pourquoi pas, le courage qu'il faut pour jaillir de la tranchée, l'arme au poing, " sauter le parapet " comme disaient les soldats
Et puis la guerre, toujours présente, provoque des épisodes belliqueux, tant dans la musique de chambre que dans la musique symphonique, reflets des combats intérieurs qui tourmentent l'artiste, bien des années après .
Trois quatuors à cordes et un quintette ponctuent la production musicale, composés en 1920, 1922, 1925 et 1933 ; le dernier, donc à Bélus ; on peut y voir un hommage à ses amis du " Quintette du Général ". Caplet avait lui-même commencé d'écrire, pendant la guerre, une sonate pour violon qu'il destinait à Lucien Durosoir, mais qu'il n'acheva jamais. Ce même André Caplet, découvrant après la guerre un quatuor de son ami, lui écrivait un hommage inoubliable :
Février 1922
Je vais parler avec enthousiasme à tous mes camarades de votre quatuor,
que je trouve mille et mille fois plus intéressant que tous les produits
dont nous accable le groupe tapageur des nouveaux venus : l'assemblage des neufs,
par exemple !
Après les grandes démolitions physiques, démographiques,
économiques et psychiques de la guerre, la vie s'était donc reconstruite
et Lucien avait maintenant une famille à lui. Mais il y a des destins,
comme cela : la deuxième guerre mondiale éclate. C'est encore
chez Pierre Mayer que l'on trouve ce témoignage de fidélité
et d'amitié dans les moments difficiles :
Extrait de lettre de Mayer : 15 avril 1940
Nous avons ma femme et moi, repris à Boston le cours de nos occupations.
Ce n'est pas la guerre ici, mais l'angoisse est dans le cur de tous Je
n'ai plus le cur à rien, mes pensées sont continuellement
en France. Je suis extrêmement déballé et puis les lettres
sont lentes et on ne sait quoi écrire de crainte de la censure, comme
si l'Amérique n'était pas parfaitement renseignée sur l'Europe
! Maréchal est je crois en Australie, des autres amis musiciens je ne
sais rien. Je dois convenir mon cher vieux que la chance n'a pas été
très amoureuse de vous- vous qui viviez d'exprimer quelque chose en musique
- qui étiez avec enthousiasme gagné du désir d'écrire
- je me souviens de Vincennes
La perturbation économique, financière
a mêlé vos plans et pour finir, une autre guerre coupe court aux
possibilités d'entendre ce que vous écriviez ! c'est dommage
Je
vous plains fraternellement mon cher vieux Durosoir ! Pour moi. J'ai eu raison,
je le crois à présent de venir ici à Boston- avec ses imperfections
l'Amérique est habitée par plus de musique que l'Europe toute
entière ne pourrait désirer. Je gagne ma vie confortablement et
je peux penser à la musique comme un art avant de la considérer
comme un moyen de vivre. Au revoir
..
Cette fois-ci, il ne partira pas à la guerre ; mais il n'a plus le
cur à composer : la pauvreté est partout, la pénurie
de l'essentiel et
il n'aura plus de papier à musique jusqu'en 1945!
Les Allemands sont installés dans sa maison, transformée en infirmerie .
Voici ce qu'il note, dans son livre de comptes, entre juin et septembre 40 :
Juin 1940
Ce qui domine ce terrible mois de juin, c'est la catastrophe qui s'est abattue
sur notre pays, voir les Allemands patrouiller dans Bélus, c'est une
chose à laquelle personne n'aurait jamais pensé.
Août 1940
Peu de choses à dire si ce n'est que la main allemande s'appesantit de
plus en plus sur nous, nous ne pouvons plus écrire en zone libre, ni
rien en recevoir, ce qui fait que nous n'avons plus aucune nouvelles des nôtres
et cela pour combien de temps ?Depuis le 29 août Bélus connaît
les agréments de l'occupation, 18 hommes sont ici dont un commandant.
A la Villa, un infirmier, caporal ou sergent, m'a demandé une chambre,
je lui ai accordé la chambre du haut, il paraît que c'est pour
8 jours, espérons le et surtout que nous revenions au calme d'antan.
Nous vivons un véritable cauchemar, claquemurés, sans nouvelles
Septembre
En fait d'avoir nos hôtes pour 8 jours, on parle maintenant de les posséder
jusqu'au mois d'avril. " Quien sabe " comme dit le Portugais Camoëns.
En réalité ils s'installent dans toutes les maisons, réquisitionnent
des poêles et 50 m3 de bois, de plus des matelas et des draps. Mon premier
étage est devenu une infirmerie dans la chambre à deux lits j'ai
deux malades et dans la chambre de bonne un caporal infirmier, et voilà
trois lits occupés. Et aller donc !!!!!! Ma maison a été
visitée par un officier assisté d'un interprète, c'est
après cette visite que la petite chambre a été prise. Ici
la correction règne, mais l'occupation demeure et d'après les
événements nous en avons pour longtemps. Je n'ose dire des années,
bien qu'en moi-même je le pense. Que Dieu nous assiste dans nos épreuves.!
Les Allemands quittent Bélus en octobre, la maison est libre !
Lucien retrouve l'énergie qui a caractérisé sa vie ; cette
énergie se concentre dans quatre mots-clé : entr'aide, résistance, composition, reconstruction
Il pense d'abord à rendre service aux plus touchés d'entre ses
contemporains . Nous avons malheureusement perdu la trace de André et
Mauricette, ces deux enfants juifs qui furent hébergés aux Chênes
en 1942, envoyés de Paris par le Secours national
9 novembre 1942 " La petite Mauricette nous est revenue avec une mine superbe et ne tarissant pas d'éloges sur l'accueil si chaleureux qu'elle a reçu chez vous. Au nom de cette enfant et au nom de notre uvre permettez-nous de vous remercier du fond du cur .à une époque où chaque geste de solidarité prend son sens le plus efficace, nous savons que votre générosité, dont vous avez fait preuve, touchera le cur de celui, qui du fond de son camp d'Allemagne, ne peut hélas ! presque plus rien pour rendre sa fille heureuse ..
Il se retrouve président du comité de libération
Il se remet à la composition dès que la paix est signée et que le papier à musique lui parvient, envoyé enfin par ses
amis Américains ! De 1945 à 1950 il compose ses six dernières oeuvres
Lorsque, après la guerre, il a été question de restaurer
l'église de Bélus, il donne un concert pour collecter des fonds.
Quel signe plus fort pouvait-il donner de son attachement au pays qu'il avait choisi ?
sélection
de concerts 2000-2010
17 décembre Paris Grand Salon des Invalides Célimène DAUDET, Guillaume LATOUR: 5 Aquarelles
8 novembre Paris Grand Salon des Invalides Jouvence (Ensemble CALLIOPEE)
3 octobre au château de Ravignan: Quatuor N°1 en Fa mineur (Quatuor KAIROS)
2 octobre à l'Hôpital Saint Blaise: Quatuor N°1 en Fa mineur ( Quatuor KAIROS)
18 septembre à Verneuil sur Avre: Quintette à cordes ( Ensemble CALLIOPEE)
29 juillet à Amou: Jouvence ( Ensemble CALLIOPEE)
7 juin à Paris Théâtre l'Athénée-Louis Jouvet: Jouvence et Quintette à cordes ( Ensemble CALLIOPEE)
29 avril à Villefavart: Trio en si mineur (Trio HOBOKEN
18 avril à Paris: Trio en si mineur (Trio HOBOKEN)
12 avril à Paris: Sonate piano et violon (Vanessa SZIGETI, Lorène de RATULD)
10 avril à Saint Palais: Vitrail et Berceuse pour alto et piano (Adrien LA MARCA, Natacha KUDRITSKAYA)
9 avril à Dax: Vitrail, Berceuse pour alto et piano (Adrien LA MARCA, Natacha KUDRITSKAYA)
21 février à Paris: Trio en si mineur (Trio HOBOKEN)
9 février à Mont de Marsan: Le Balcon pour basse solo, cordes vocales et instrumentales (SEQUENZA 9.3, Quatuor DIOTIMA, Yann DUBOS)
28 janvier à Paris: Berceuse pour flûte et piano (Anne-Cécile CUNIOT, Frédéric LAGARDE)
2009
YALE SCHOOL OF MUSIC (New Haven, USA)
Faculty Artists Series Morse Recitals Hall
Friday 30 January, 2009 8:00 PM Ole
Akahoshi, cello and Elizabeth Parisot, Piano Music by Saint-Saëns,
Debussy, Durosoir
PARIS 13 janvier 2009 Église
Saint-Roch GRANDE GUERRE ET GRANDES ORGUES
(Lettres de Durosoir - Musique de Bach, Hindemith, Neuville et Durosoir)
avec Caline Malnoury orgue et Mario
Hacquard récitant..........
18/3/2009
Paris CNSMD 19h Concert de la classe de choeur (dir. Catherine Simonpiétri).
11/4/2009
11 heures Angoulême Conservatoire
Gabriel Fauré, auditorium
Samedi 9/5/2009 17 heures Eglise Saint Etienne de Belleau (Festival Jean de la Fontaine)Vanessa Szigetti, Lorène de Ratuld, Mario Hacquard.
Samedi 16/5/2009 Nuit des Musées - Historial de la Grande Guerre à Péronne : Lillian Scheirich violon, Mary Siciliano piano (artistes Canadiennes)
29/5/2009 Académie, la Chaise Dieu: quatuor Diotima
Samedi 3 octobre Saint Palais Chapelle de l'ancien couvent des Franciscains. Récital de piano. Lorène de Ratuld. Oeuvres de Haydn, Schumann, Turina, Durosoir, Debussy, Albeniz, Chopin
Nogent sur seine: 10 octobre Lorène de Ratuld, Rachel Kolly d'Alba, Debussy, Durosoir,
Paris: centre culturel tchèque, 12 octobre, ensemble Calliopée: Durosoir, Maratka,
Lundi 19 octobre Eglise du Saint-Sacrement - Lyon 69003 Concert-lecture GRANDE GUERRE ET GRANDES ORGUES.Caline Malnoury, organiste.Mario Hacquard, récitant Lettres de Lucien Durosoir.Musiques de Bach - Mendelssohn - Hindemith - Valentin Neuville
Samedi 21 novembre 20H 30, Paris
à l’Archipel Rachel Kolly D’Alba (violon) et Lorène
De Ratuld (piano)
Debussy; Durosoir, Franck
2008
11 mai 2008: Festival Musique d'un siècle à Dieulefit, à 17h, Eglise St Pierre, Ensemble CALLIOPÈE, Caprice pour violoncelle et harpe (1921)
30 et 31 mai FESTIVAL CALLIOPÈE 2008: Centre Culturel
Tchèque, rue Bonaparte Paris
30 Mai à 20 h, Jouvence fantaisie symphonique, pour violon principal,
quintette à cordes, flûte, cor, harpe et piano (1921)
31 mai à 12 h Fantaisie pour cor harpe et piano
(1937)
31 mai à 20 h Quintette avec piano en fa M (1925)
Ils ont écrit: Lettre du Musicien (Laurent
Vilarem)........ et la création par l'ensemble Calliopée,
sous la baguette de Krystof Maratka, d'une oeuvre de Lucien Durosoir datant
de....1921. On aura apprécié dans cette Jouvence pour octuor
et violon principal (Saskia Lethiec, une nouvelle fois remarquable) la fougue
mélodique digne d'un Franck, qui n'exclut ni l'inquiètude ni le
sarcasme dans une intrigante Marche funèbre.
6 juin 2008: Paris Ars Mobilis: Quatuors à Saint Roch Quatuor Diotima
15 juin 2008, à 16h00 sur le site du village détruit
de Bezonvaux Ensemble Calliopée, hommage
à Lucien Durosoir
http://www.enmeuse.fr/2008/06/03/ensemble-orchestral-calliopee-hommage-a-lucien-durosoir/
3 juillet 2008 Navarrenx (64) Un Violon
dans la Grande Guerre (Lettres et musique de Durosoir - Chansons de poilus)
avec Geneviève Laurenceau violon, Lorène de Ratuld piano et Mario
Hacquard récitant
Festival des Moments Musicaux de Chalosse (8 juillet L'Astrée, le 10 juillet violon piano Olivier Charlier et Sylvie Carbonel, le 15 juillet Trio Consuelo)
COLMAR vendredi 7 novembre 2008, 20h30
DEUX VIOLONS DANS LES TRANCHÉES
Derrière ce titre et dans le cadre des Cartes Blanches proposées par le Conservatoire de Colmar,en collaboration avec le Conseil Général du Haut-Rhin, se cache un concert-lecture original autour de deux violonistes ayant vécu la Grande Guerre.En cette période anniversaire des 90 ans de l'armistice du 11 novembre 1918, cette soirée est une façon poétique d'évoquer une page douloureuse de l'Histoire contemporaine en écoutant deux voix de violonistes issus de deux camps qui s'opposent, pour montrer à quel point la réalité du simple soldat est la même, poignante, absurde et terrible, et comment la musique permet de faire la paix.
Rencontre entre deux violonistes par delà les tranchées: l'un français (Lucien Durosoir) et l'autre autrichien (Fritz Kreisler), cette soirée se propose de faire écouter leur musique, parfois viennoise et légère, parfois grave et dépouillée, et leur parole de soldat: Durosoir par les lettres écrites presque chaque jour à sa mère pendant 4 ans, et Kreisler par le récit à posteriori de ses 4 semaines dans les tranchées. Le témoignage de Kreisler, édité aux Etats-Unis a été traduit pour cette soirée.
En alternance avec la musique qui fera la part belle au violon,
mais également au chant et à la harpe, deux comédiens prêteront
leur voix aux musiciens,
sur fond de projections d'images.
Violon: Hélène Sanglier, Jean Luc Bouveret, Alto: Stépane Cattez, violoncelle: Anne-Catherine Dupraz-Strub, Piano: Dominique Gerrer, harpe: Aude Gary, chant: Josée Schittbiel, comédien: Jean-Marc Eder et Paul Schirck et la participation de quelques élèves du conservatoire.
2007
7 mai - 20 h Hôtel national des Invalides 129 rue de Grenelle 75007 Paris Ivan Ilic piano
11 mai - 20 h 30 INJA, Salle Marchal 56 Bd des Invalides
Paris 7e Trio Consuelo
24 mai - 20 h Salle Cortot 78 rue Cardinet Paris 8e Primor Sluchin harpe Pierre Morlet violoncelle
26 mai - 20 h 30 Eglise de Beine (Yonne) Festival du Chablisien Lorène de Ratuld piano, Geneviève Laurenceau violon, Mario Hacquart récitant
28 juin Cité universitaire, fondation américaine Ivan Ilic piano
10 décembre Grand Salon des Invalides Quatuor Diotima,
15 décembre La Borie en Limousin Quatuor Diotima
2006
Dax, 21mars 2006, salle de l'Atrium, Geneviève Laurenceau violon, Lorène de Ratuld piano (Durosoir)
Paris, 23 mars 2006, Hôtel National des Invalides, Arnaud Thorette alto, Johan Farjot piano (Liszt, Durosoir, Canat de Chizy, Brahms)
Vincennes, 17 octobre 2006, Château de Vincennes, Quintette à vent de la Musique Principale de l'Armée de Terre, (Holst, Durosoir, Neilsen, Ibert)
Paris, 14 novembre 2006, Salon de Boffrand de la Présidence du Sénat, Lorène de Ratuld piano, Geneviève Laurenceau violon (Ravel, Durosoir, Dutilleux)
Paris, 20 novembre 2006, Hôtel National des Invalides, Geneviève Laurenceau violon, Lorène de Ratuld piano, (Durosoir)
Paris, 10 décembre 2006, salle Cortot, Quatuor Diotima, (Janacek, Durosoir, Stravinsky, Beethoven)
2005
Arras, 11 décembre 2005 Ivan Illic piano, Robert Gildon baryton dans des mélodies de Butterworth, Caplet, Durosoir, Hahn, Moeran, Ravel....
Paris, 16 décembre 2005, INJA, 56 Bd des Invalides, Nicolas Vaslier
violon, Pascal Romano piano (Durosoir, Hahn, Ravel, Poulenc)
Ville d'Avray: Jean-Louis
Petit, directeur fondateur du Festival de Ville d'Avray, a programmé
régulièrement cette année des uvres de musique de
chambre de Lucien Durosoir, en mémoire du cinquantième
anniversaire de sa mort. Qu'il en soit vivement remercié.
Le dernier concert, le dimanche 15 mai, a permis d'entendre le magnifique duo
violon et piano formé par Caroline Ritchot et Michel Palliès,
dans un programme très bien construit alliant uvres de séduction
et pièces d'accès plus difficile à la découverte
desquelles le public était convié.
Les artistes ont donné de Rêve, de Lucien Durosoir,
une interprétation remarquable d'intelligence et de sensibilité.
Cette pièce, composée en hommage à son ami André
Caplet, lors de sa mort en 1925, a inspiré à Michel Palliès
ces lignes de présentation :
L'uvre porte le titre " Rêve ". Pourtant elle est bien
loin d'exprimer seulement la douce quiétude propre au songe apaisé.
Cette courte pièce frissonnante recèle en son sein les pénibles
souvenirs de guerre vécus par Lucien Durosoir. Elle porte en préambule
le poème suivant de Charles Baudelaire :
Qu'il est amer et doux pendant les nuits d'hiver
D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume
Les souvenirs lointains lentement s'élever
Au bruit des carillons qui chantent dans la brume "
On devine, à cette citation, combien les horreurs vécues par Lucien
Durosoir pendant la guerre de 14-18 lui ont rendu par la suite la vie insupportable.
Ce rêve là est peuplé de fantômes, et pourtant, par
une forme solide et une écriture irréprochable, on y devine le
caractère bien trempé de son auteur.
Ecoutez cette pièce en proie à vos propres souvenirs, bons et
mauvais, comme l'amertume et la douceur du poème de Baudelaire, et laissez-vous
bercer par ces sonorités lointaines et novatrices qui illustrent de manière
humaine et touchante la force que déploient les hommes pour se réconcilier
avec la vie quand celle-ci les a meurtris
xxxxxxxxxx
Dax (Landes), 30 avril 2005 Récital piano et violon Stéphanie Marie Degand violon, Vanessa Wagner piano oeuvres de Lucien Durosoir
Ville d'Avray, (Hauts de Seine), 8 octobrel 2005, récital et flûte et piano Alain Daboncourt, Judy Chin (Durey, Durosoir, Fauré, Honegger, Milhaud....)
Györ (Hongrie), 19 octobrel 2005, récital et flûte et piano Alain Daboncourt, Judy Chin (Durey, Durosoir, Fauré, Honegger, Milhaud....)
Festival de musique de chambre de Szeged (Hongrie), 21 octobrel 2005, récital et flûte et piano Alain Daboncourt, Judy Chin (Durey, Durosoir, Fauré, Honegger, Milhaud....)
Arras, 11 décembre Ivan Illic piano, Robert Gildon baryton dans des mélodies de Butterworth, Caplet, Durosoir, Hahn, Moeran, Ravel....
Paris, 16 décembre 2005, INJA, 56 Bd des Invalides, Nicolas Vaslier violon, Pascal Romano piano (Durosoir, Hahn, Ravel, Poulenc)
2004.
Salle Multimédia, 11 place Nationale 75013 Paris (Ensemble Instrumental l'Astrée) 23 Novembre 2004
Concert à Bélus (Landes), 21 mai 2004: "Dans la lignée de Debussy": Oeuvres de Caplet, Debussy, Durosoir (Marie-Christine Amann, piano, Cécile Cottin, flûte, Karen Durand, chant, Mélina Burlaud, piano, Grégoire Fedorenko, violoncelle)
Amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, 6 mai 2004 "Musique de chambre" Schubert, Fauré, Durosoir, Debussy, Sancan (Ensemble Instrumental l'Astrée)
2003.
Amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, 30 octobre 2003: «Musique de chambre au temps de Debussy». uvres de Durosoir, Caplet, Debussy, Fauré, Roussel, Milhaud, Duparc, Chausson (Ensemble Instrumental l'Astrée)
Nuits d'été en Pays d'Orthe, 29 août 2003 : "Légende","Nocturne" pour piano (Marie-Christine Amann), "Vitrail" pour alto et piano (Violaine Miller, alto, Marie-Christine Amann piano) "Incantation Bouddhique" pour clarinette et piano (Alexandre Dratwicki, clarinette, Marie-Christine Amann, piano).
Amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, 24 juin 2003 : « Vitrail » pour alto et piano (Violaine Miller, alto, Marie-Christine Amann, piano).
Amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, 25 mars 2003 : « Au vent des Landes » pour flûte et piano (J.C. Vançon, flûte, Céline Donatello, piano).
2001
Amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, le 14 janvier 2001 : uvres de Lucien Durosoir : « Aquarelles » pour violon et piano, « Au vent des Landes » pour flûte et piano, « Sonnet à un enfant » pour chant et piano (Stéphanie-Marie Degand, violon, Kareen Durand, soprano, Violaine Miller, alto, Jean-Clair Vançon, flûte traversière, Clothilde Guignot, piano).
2000
Amphithéâtre Constant Burg, le 6 février 2000 : « Sonate pour piano et » de Lucien Durosoir (Stéphanie Degand, violon et Nicolas Bringuier, piano).
Concours
lauréats et finalistes des concours "MUSICIENS ENTRE GUERRE ET PAIX"
Geneviève LAURENCEAU violon, Lorène de RATULD piano, Anne Céline BARRERE piano,
Nicolaï MASLENKO piano, Ivan ILIC piano, Robert GILDON baryton
Lauréats-Finalistes Duo violon piano Xin XIN et Lee Yeon JOO; duo deux pianos Kyoko FUJIMOTO et Youri YAMADA; duo clarinette piano Satoko UEDA et Betty HOVETTE; le trio Consuelo (Valentine TOURDIAS, Olivier-Marc BECKER, Maxime HOCHART)
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